Fin février, la saison démarre !
O. LOUBIERE
Bien que préparé dés la fin de l’été 2022, le coup d’envoi de la nouvelle saison apicole est donné. S’il est encore bien trop tôt pour les visites de printemps (il faut attendre des températures nocturnes beaucoup plus clémentes et des belles journées de printemps au delà de 16/17 degrés), il est important d’intensifier ses visites au rucher.
La période est fatidique en matière de survie des colonies. Peu à peu les abeilles d’hiver qui ont permis à la colonie de passer la mauvaise saison doivent être remplacées par les nouvelles abeilles qui naissent à la fin de l’hiver, au moment des premières rentrées de pollen (noisetier par exemple). La bascule est parfois difficile. C’est souvent à cette saison que l’on constate la casse hivernale sur ses colonies. Surveillez l’activité sur les planches d’envol pour détecter tout comportement anormal, en particulier des comportements de pillage qui laissent habituellement beaucoup de résidus de cire de désoperculation à l’entrée des ruches. En cas de doute sur la présence d’abeilles, un tapotement sec et bref avec les doigts sur le côté de la ruche doit vous permettre, en collant l’oreille contre la caisse, d’entendre un bruissement caractéristique de la présence de la colonie.
Toute les ruches dont les colonies sont mortes doivent être au plus tôt retirées du rucher et mises à l’abri. Un diagnostic détaillé des cadres et des abeilles mortes au fond des caisses doit être opéré par un apiculteur expérimenté et compétent afin de détecter d’éventuelles maladies contagieuses (voir rubrique maladies sur le site). Penser à désinfecter le matériel ayant servi à visiter ce ruches avant toute utilisation sur d’autres colonies (lève-cadre, gants etc…). Au moindre doute, vous pouvez contacter le GDSA 12. N’hésitez pas à participer à l’enquête annuelle sur le déclaration des mortalités hivernales à partir du mail que vous recevrez de la part de l’ANSES (enquête-nationale-abeilles@anses.fr).
L’activité reprenant peu à peu, il faut veiller à la présence de réserves suffisantes en sous-pesant les ruches ou effectuant un contrôle visuel très rapide sur le haut des cadres lorsque les températures le permettent. La consommation des réserves va s’accélérer très fortement et il faut rester très attentif. Ne pas sortir les cadres et attention lors des manipulations à ne pas dégrapper la colonie si les températures sont froides.
L’apport de sucre, si nécessaire, doit se faire obligatoirement par apport de candi, surtout pas de sirop car il est bien trop tôt. Si la colonie est faible, n’hésitez pas à poser délicatement le pain de candi sur la tête des cadres, au-dessus des abeilles. Le trou dans le sachet doit être suffisant pour couvrir une ruelle entre les cadres et permettre l’accès au sucre mais ne découpez surtout pas la totalité du sachet car le candi se ramollissant avec la chaleur et l’humidité de la ruche, il risquerait d’engluer en coulant une partie de la colonie et provoquer définitivement une catastrophe. N’hésitez pas à rapprochez la partition de la colonie, surtout si les cadres en rives sont secs.Retournez ensuite le nourrisseur à l’envers au dessus du sachet, remettez l’isolant sous le toit. Maintenez une entrée réduite sur la longueur de la porte pour éviter le pillage. Pour une colonie forte occupant au-moins 6 cadres, vous pouvez passer votre candi sur le trou du couvre-cadre, elles devraient pouvoir y accéder facilement.
L’apport de complément protéiné pourra être envisagé un peu plus tard, lors de la visite de printemps par exemple, pour relancer une colonie affaiblie.
Pensez également que pour élever, vos colonies ont besoin d’accéder à de l’eau en quantité et en qualité suffisante. Les périodes de sécheresse, parfois même hivernales, se succédant, il convient de rester vigilant.
L’alternance de températures supérieures aux normales saisonnières puis très froides, comme on a vécu ce début d’année 2023 en Aveyron peut avoir tendance à affaiblir les colonies qui redémarrent l’élevage tôt en saison par des belles journées, puis qui ont du mal à réchauffer tout le couvain lors des journées très froides. Ne pas hésiter à fermer les planchers entièrement aérés avec une plaque ou un tiroir, comme sur les modèle NICOT par exemple (pensez à fair des trous aux angles du tiroir pour favoriser l’évacuation de l’humidité). Veillez à ce qu’une pente soit toujours maintenue vers l’avant de la ruche pour favoriser l’évacuation de l’eau.
Par ailleurs, il est toujours temps de contrôler les chutes naturelles de varroas (lange ou plaque graissée) et d’adapter votre stratégie de traitement si nécessaire.
Enfin profitez de ces dernières journées d’hiver pour préparer votre matériel et vos nouveaux cadres pour la nouvelle saison. En particulier, il est toujours conseillé d’avoir quelques caisses et quelques planchers d’avance pour organiser les rotations lors de la visite de printemps (changez tous les planchers chaque année par des planchers désinfectés et appliquez le même principe pour les caisses tous les 3 ans à peu près). Si vous avez récupéré votre cire d’opercules lors de l’extraction, n’hésitez pas à gaufrer ou à faire gaufrer vos propres feuilles de cire. Il n’y aura rien de mieux pour vos abeilles. Pensez également tant qu’il fait un peu frais à gratter et à nettoyer vos hausses: le printemps et les pissenlits arriveront bien assez vite! Pour les plus ambitieux, terminez de préparer vos nouveaux emplacements si vous souhaitez développer votre rucher. C’est aussi le moment de préparer ses pièges sélectifs pour piéger les fondatrices de frelons asiatiques (voir rubrique concernée sur le site).
Nous vous souhaitons à toutes et à tous une excellente année apicole !
Choisir le bon emplacement pour son rucher
O. LOUBIERE et GDSA 12
Parmi toutes les options dont dispose un apiculteur pour assurer la prospérité de ses colonies, le choix d’implantation du rucher est la première décision fondamentale qu’il doit prendre.
Bien sûr la pratique d’une apiculture de transhumance permet de profiter de différents emplacements et de s’adapter aux ressources offertes sur différentes zones de butinage, et ce à différents moments.
Elle est souvent l’apanage des apiculteurs professionnels qui disposent du matériel de transport et de manutention adéquat et qui ont su au fil du temps négocier leurs emplacements.
Elle demande beaucoup de travail et de déplacements, parfois sur plusieurs centaines de kilomètres et sollicite de façon plus intense les colonies en les mobilisant sur plusieurs miellées successives. Elle permet toutefois de produire différents types de miels et d’optimiser les quantités récoltées.
Rappelons en premier lieu que toute implantation de rucher est soumise à une réglementation précise qu’il convient de respecter (voir rubrique législation du site).
Penser à implanter un panneau d’avertissement à proximité des ruches et orienté vers les zones passantes.
En Aveyron, l’implantation des ruchers est soumis à un Arrêté Préfectoral de 2017 que vous pouvez trouver en cliquant ici.
Il convient également de déclarer annuellement ses ruches ainsi que leur emplacement. Vous pouvez accéder à cette information en cliquant ici.
L’emplacement parfait est rare. Si l’on a pas la chance de posséder soi-même du foncier, il faut aller à la rencontre des propriétaires de terrains pour rechercher et obtenir des emplacements. Parfois, quelques pots de miel suffisent. Certains sont aussi intéressés par le service de pollinisation que procurent les abeilles à miel.
Si l’on veut schématiser, l’emplacement idéal doit tenir compte des avantages et des inconvénients qu’il procure tant pour les colonies d’abeilles que pour l’apiculteur.
POUR L’APICULTEUR
Pour l’apiculteur, il est évident que l’accessibilité est un paramètre important tant les manipulations peuvent devenir rapidement fastidieuses s’il est impossible d’approcher un véhicule.
Il faut prévoir assez grand, au minimum 5m2 par ruche. Prévoir un petit peu de place complémentaire car il faut parfois rajouter une ruche au pied levé (division, essaimage etc.). Idéalement le terrain doit être à peu prés plat et attention aux souches, aux ronces ou aux pierres qui dépassent: il n’y a rien de plus désagréable que de trébucher avec une ruche dans les bras… Retenir également que pour un amateur, un rucher avec un nombre modeste de ruches est toujours plus agréable à travailler qu’un grand rucher.
La distance depuis son domicile est aussi un élément à prendre en compte: En pleine saison, il n’est pas rare de devoir se rendre plusieurs fois par semaine sur son rucher. Pour un apiculteur amateur, il est souvent appréciable d’aller rendre visite à ses colonies après sa journée de travail.
Les contraintes de préparation et d’entretien de l’emplacement sont également un facteur à intégrer. Dans une zone herbeuse ou embroussaillée, une année humide et chaude sera synonyme de nombreux séances de débroussaillage. Certains utilisent des bâches ou des tapis sous les supports de ruches pour éviter que l’herbe ne vienne trop gêner l’accès aux planches d’envol. D’autres préfèrent désormais laisser pousser un peu de végétation devant la ruche car si elle gêne un peu les abeilles, elle pourrait aussi limiter l’efficacité de la prédation du frelon asiatique…
Les vols de ruches se faisant malheureusement de plus en plus fréquents, il est de bon ton de trouver si possible des emplacements discrets voire invisibles depuis les axes routiers. Les plus technologiques d’entre nous posent parfois des balises GPS ou des caméras de chasse mais le budget « rucher » s’en ressent assez vite.
L’utilisation d’un enfumoir implique une attention toute particulière par rapport au risque d’incendie: attention aux zones embroussaillées ou boisées, notamment en période de sécheresse. Prévoir systématiquement un récipient d’eau permettant d’éteindre les résidus d’enfumoir.
POUR LES ABEILLES
Plusieurs types de paramètres entrent en compte:
- Les ressources: une diversité nécessaire et une concurrence à intégrer
Pour vivre et se développer, les abeilles ont besoin:
De sucres : trouvés dans le nectar ils sont l’essentiel de la composition du miel et à l’apport énergétique des abeilles; il faut donc une source florale conséquente d’autant plus si l’on veut récolter un miel mono-floral.
Une complémentation est possible par des sirops de nourrissement (printemps, été) ou des candis (hiver) lors de carences ou de stimulation (ruche faible, création ou récupération d’essaim, fixation de colonie dans une ruche…) ; il ne faut pas fournir de sucre à une ruche en phase de stockage de miel (pour ne pas avoir de l’eau sucrée dans le miel récolté). Il n’est pas conseillé d’apporter du miel ne provenant pas d’une colonie sûre au niveau sanitaire pour ne pas transmettre de maladies (comme la loque américaine par exemple)
De protéines : trouvées dans le pollen des fleurs elles serviront à la croissance des larves, au maintien physique des adultes et à la ponte de la reine. La source est la même que pour les sucres. Notez que certaines fleurs (lavande par exemple) sont beaucoup moins riches en pollen que d’autres et ne permettent pas à la colonie de se renouveler correctement. Retenez qu’en matière de pollen, la diversité est fondamentale pour apporter l’ensemble des acides aminés essentiels que les abeilles ne peuvent pas synthétiser. Attention donc à ce que les sources en pollen soient variées surtout sur les zones de monocultures.
Une complémentation est possible avec des levures de bières, du pollen récolté avec une trappe à pollen et congelé pour stimuler la ponte sur une ruche démarrant mal, sur un essaim… Ces protéines seront apportées sous forme de « pain » malaxées avec un peu de candi et déposé sur le haut des cadres. Il existe également des pâtes protéinées mais qui peuvent être de qualité inégale en fonction du fabriquant.
D’eau : Pour élever, pour s’abreuver et réguler la température de la ruche en été. Une source proche économisera le travail des porteuses d’eau. Veillez à disposer des éléments physiques permettant aux abeilles de ne pas se noyer. Les abeilles apprécient la présence d’un peu de sel dans l’eau.
D’oligoéléments et de vitamines : apportés par le pollen et le nectar leur équilibre et leur complémentarité seront assurés par la diversité des plantes butinées. Attention toutefois, les abeilles ont aussi tendance à récupérer ces éléments minéraux dans les eaux de suintement ou stagnantes à même le sol: dans les zones d’élevage, cette ressource peut être contaminée par les produits anti-parasitaires administrés au bétail.
Retenez également que la ressource disponible est à rapprocher du nombre de ruches installées sur la zone, notamment en période de sècheresse ou sur des territoires séchant comme sur le Causse. Plus il y a d’abeilles, plus il y a de concurrence, y compris avec l’entomofaune. Il vaut mieux privilégier une distance minimale de 3 km entre les ruchers. C’est aussi une bon réflexe sanitaire.
La présence de cultures traitées est également à intégrer (céréales, cultures industrielles, vergers etc.): elles peuvent présenter un risque d’intoxication pour les abeilles en cas de traitement.
Une application intéressante à utiliser et en libre accès: BeeGIS de l’ITSAP
L’ISTAP – institut de l’abeille- développe une application qui permet de visualiser les différents types de cultures ou de couverts végétaux sur une aire de butinage donnée. Cette répartition peut être également donnée en pourcentage en tableau ou même sous forme de graphique.
C’est un outil d’aide à la décision qui peut être intéressant et qui permet de mieux comprendre le niveau de diversité de ressources offertes aux abeilles sur un périmètre donné. Il suffit de géo-localiser son emplacement sur la carte, de délimiter une aire de butinage (maxi 3 km) et de choisir un niveau de couche végétale à charger. Cette application bénéficie d’améliorations fréquentes.
Pour accéder à la fiche ITSAP et accéder à l’application, cliquer ici (l’application fait l’objet d’une amélioration continue; pour cette raison elle est parfois indisponible)
2. L’implantation physique et le climat local: deux paramètres importants
D’une manière générale, il faut privilégier la tranquillité et la sécurité des abeilles et symétriquement celles des humains ou des animaux vivant à proximité. Au delà des obligations règlementaires, il est souvent bénéfique de réfléchir à plusieurs points fondamentaux.
L’exposition:
Une orientation Sud/Sud Est est à privilégier. Pour éviter les phénomènes de dérive, on peut placer les ruches en arc de cercle (dos au cercle) ou orienter légèrement différemment l’entrée de deux ruches voisines. Ne pas hésiter également à peindre ses ruches de couleurs différentes. Favoriser une légère pente vers l’avant pour favoriser l’évacuation de l’humidité de la ruche.
Il est important, notamment aux intersaisons, que le soleil puisse réchauffer les colonies et favoriser le développement du couvain. Attention donc aux zones trop ombragées qui peuvent également favoriser l’humidité qui est délétère aux abeilles.
Pour autant, en pleine canicule, un peu d’ombre est bénéfique et permet aux abeilles de maintenir à l’intérieur de la ruche une température supportable. Pour cette raison, la lisière d’un bois peut constituer un bon emplacement.
Les conditions climatiques:
Il faut éviter les zones venteuses, par exemple au sommet d’un promontoire. Il convient donc de rechercher plutôt un emplacement à l’abri des vents dominants. Les zones où le brouillard est souvent présent favorise un environnement humide qui n’est pas bon pour les colonies d’abeilles. Ne pas hésiter à utiliser des planchers aérés pour favoriser la ventilation des ruches.
Même si une colonie forte, correctement partitionnée et avec des réserves suffisantes résiste bien au froid, en altitude, on peut repérer les emplacements intéressants en observant où la neige fond en premier.
Certains apiculteurs, notamment professionnels, font le choix d’hiverner leur ruches en les déplaçant vers des zones où les hivers ont très doux comme par exemple à quelques encablures de la Méditerranée. Outre le fait que cela limite la consommation des réserves durant l’hiver, cela permet également de préparer des colonies très fortes pour les premières miellées ou de favoriser des divisions précoces. Attention toutefois, de retour en altitude ces colonies très fortes ont tendance à essaimer très vite si elles ne sont pas maîtrisées. Par ailleurs la quasi-absence de rupture de ponte peut gêner l’efficacité de la lutte contre le varroa. On commence donc à voir dans le Sud Est de la France des apiculteurs qui font le choix inverse en hivernant les colonies en altitude pour provoquer la rupture de ponte…
Enfin, il est parfois possible de favoriser « un micro-climat » en entourant ses ruches de palissades ou même en les installant sous un abri.
La tranquillité des abeilles:
Comme déjà évoqué, il faut éviter les zones passantes. Cela vaut également pour les animaux notamment d’élevage qui peuvent facilement renverser les ruches en venant se gratter ou en venant brouter le brin d’herbe sous la ruche…Il est donc souvent nécessaire de prévoir une clôture pour les zones fréquentées par les troupeaux pour éviter toute catastrophe.
L’hiver, penser qu’une ruche en polystyrène est une cible facile pour certains prédateurs comme les pics-verts par exemple.
Il faut également élaguer les branches qui peuvent cogner contre les caisses avec le vent et stresser ainsi les abeilles.
Les zones inondables sont à proscrire.
La prise en compte de la présence du frelon asiatique est aussi un paramètre important. Les zones de plaine, à proximité des cours d’eau sont propices au développement du frelon qu’on peut retrouver également à proximité des agglomérations…
Plan national de piégeage de printemps des frelons asiatiques/ Groupe frelon du GDSA 12
Sous l’égide de GDS France et de la FNOSAD, un Groupe de Travail a été constitué afin d’élaborer un plan national de lutte contre les frelons asiatiques Vespa velutina et orientalis, destiné à être fonctionnel au printemps 2022. Le GT a réuni l’ensemble des organisations apicoles concernées par la lutte contre ces espèces exotiques envahissantes : ADA France, FNOSAD, GDS France, GNTSA, INTERAPI, ITSAP.En 2021, le GT a travaillé principalement sur la mise en place, dans un premier temps, d’un plan national de piégeage des frelons asiatiques au printemps. Toute la documentation et les outils de mise en place peuvent être téléchargés en cliquant ici Face aux inquiétudes remontées par les apiculteurs sur la pression exercée par ce prédateur, ce plan a été conçu pour être appliqué dès février 2022, lors de l’émergence des fondatrices. Il s’appuie sur les derniers résultats scientifiques concernant le frelon, notamment sur une étude menée par l’ITSAP – Institut de l’Abeille et le MNHN sur 3 départements de l’Ouest pendant 4 ans (Morbihan, Pyrénées-Atlantiques, Vendée). Pour être efficace, ce plan de lutte doit s’appliquer de manière coordonnée dans toutes les régions concernées en même temps. Il répond aux attentes des apiculteurs afin de protéger les colonies en diminuant la pression de prédation et en évitant des pertes importantes de colonies du fait du stress occasionné par ces frelons asiatiques. Ce plan est fourni à l’ensemble des organisations sanitaires apicoles, ainsi qu’à toutes les associations apicoles professionnelles et non professionnelles. Il sera diffusé aux collectivités locales, des partenaires importants dans le cadre de la lutte contre ces frelons. Ce document comporte des pièces jointes (cf. lien ci-dessus) afin de favoriser la mise en place de ce piégeage de printemps. Certains départements et certaines régions agissent déjà avec des plans de lutte. Ces documents peuvent les aider à mieux coordonner toutes les actions. Les intervenants dans la lutte contre le frelon sont très nombreux et cela complique la mise en œuvre. Pour atteindre les objectifs de protection des ruchers, l’organisation doit se faire à tous les niveaux : national, régional, départemental et local. La coordination se fera entre les niveaux avec des référents coordinateurs qui seront des animateurs des réseaux. Le recrutement de référents frelons locaux est une étape importante pour initier le travail de terrain à la fois sur le piégeage et sur la destruction des nids.La communication est un point important du dispositif. Des documents peuvent être créés avec l’aide des collectivités locales, des réunions locales sont à prévoir. Les apiculteurs et les associations apicoles sont la cheville ouvrière de ces actions de lutte et de communication dans le cadre du futur plan national de lutte contre les frelons asiatiques. Comment débuter un plan de piégeage de printemps ? L’organisation nécessaire est détaillée dans le plan joint. Le groupement de défense sanitaire apicole départemental, le GDS peut être l’initiateur en recrutant un référent coordinateur départemental et des référents locaux en nombre suffisant. Il faut ensuite formaliser le plan et établir des conventions de partenariat avec les collectivités locales : objet de la convention, engagements des partenaires et modalités d’application de la convention. Le plan peut aussi être initié au niveau local, puis relié aux organisations sanitaires apicoles locales et départementales. Nomination d’un référent coordonnateur local bénévole qui fédère tous les acteurs locaux : apiculteurs, mairie, membres de la société civile locale (chasseurs, associations etc.). La commune formera un agent à la lutte contre le frelon. Les FDGDON forment déjà les agents des collectivités locales dans certains départements. Un plan de communication est élaboré avec les mairies. Cette organisation locale permet ensuite de décliner sur place le plan national de lutte contre les frelons qui se mettra en place au printemps 2022. Des financements seront recherchés au niveau des mairies pour des documents de communication, des achats éventuels de pièges sélectifs avec des appâts sucrés. Le référent coordinateur local gère le dispositif et remonte les données de piégeage au référent coordinateur départemental. Le but est de comparer ces données au nombre de nids de frelons détruits dans l’année et ainsi vérifier l’intérêt du piégeage de printemps des fondatrices. Des référents locaux apiculteurs et agents des collectivités aideront à la mise en place du plan de piégeage de printemps qui doit cesser au bout de 2 mois, afin de ne pas menacer la biodiversité. À partir de juin les efforts des référents frelons se porteront sur la recherche et la destruction des nids secondaires. Les nids primaires sont recherchés dès la période de piégeage. Le GDSA départemental, le GDS consolidera les résultats des communes puis les relaiera vers l’OVS animal régional. Pour la région PACA et notamment les Bouches-du-Rhône, les pièges doivent comporter des entrées de 10 mm de diamètre pour laisser entrer Vespa orientalis. Il est important de renforcer la surveillance de cette zone et y organiser un piégeage adapté. Les organisations sanitaires départementales, régionales et nationales se mobilisent pour aider la filière apicole à lutter efficacement contre les frelons asiatiques. Un plan national de lutte incluant ce plan de piégeage est en cours de finalisation. « L’union fait la force. » Étienne CALAIS, pour le GT frelons asiatiques |
Bien préparer sa visite de printemps: Les bonnes pratiques
O. LOUBIERE
Avec l’arrivée prochaine des beaux jours sur l’Aveyron viendra le temps de la visite de printemps.
Toutefois il convient de ne pas être trop impatient !
Les conditions doivent être idéales, les nuits peuvent être encore fraîches et les risques de gelées tardives sont encore très présents.
Le refroidissement du couvain peut provoquer des problèmes sanitaires et demande un effort supplémentaire à la colonie pour réchauffer le nid à couvain. C’est encore une période charnière où les dernières abeilles d’hiver sont remplacées par les abeilles de printemps.
Ce n’est qu’à cette période que l’on constate définitivement ses pertes hivernales.
Il faut s’adapter au terroir et suivant s’il on est au sud ou au nord du département, en fond de vallée bien exposé ou en altitude, il peut y avoir deux à trois semaines de différence.
Ces visites ne devraient pas intervenir avant la deuxième quinzaine de mars dans les zones les plus favorables de l’Aveyron et bien sûr si le temps le permet !
Il faut choisir une belle journée aux conditions météo propices. Idéalement sur une période de plusieurs jours consécutifs avec une température supérieure à 16 degrés.
Cette première visite est de toute façon rapide, il faut sortir les cadres le moins longtemps possible.
Si un premier coup d’œil extérieur (planche d’envol etc.) vous laisse quelques doutes sur l’état sanitaire de la colonie, il est de bon ton de terminer sa visite sur cette ruche pour éviter toute contamination croisée. Il ne faut pas hésiter à nettoyer et désinfecter son matériel aussi souvent que nécessaire.
Cette visite de printemps sera l’occasion de faire le diagnostic de chaque colonie :
- Bien évaluer la force de la colonie quitte à adapter le nombre de cadres avant partition. Ne surtout pas couper le nid à couvain par un apport intempestif de cadre à bâtir. A cette saison, si nécessaire, privilégier l’ajout de cadres en périphérie de la colonie, éventuellement en bordure de couvain. Un cadre construit favorisera une ponte rapide.
- Profiter de la visite pour éliminer les cadres trop vieux situés en périphérie de la colonie (cadres noircis qui ne contiennent pas de couvain). Les remplacer par des cadres neufs. Il ne faut pas hésiter à les mettre au feu.
- La ponte a repris et les ressources extérieures en nourriture sont encore limitées ; il faut vérifier que les stocks de miel et de pollen présents dans la ruche sont suffisants. Le passage en revue des cadres peut permettre d’évaluer les réserves visuellement. Pour ceux qui connaissent le poids de leur ruche à vide vous pouvez utiliser un peson (somme avant/arrière ou somme côté droit/côté gauche) en rajoutant par exemple 5 kg pour le poids de la cire, de la colonie et du pollen. Attention les cadres de pollen pèsent assez lourd. Cette méthode reste surtout utile aux mauvais jours lorsqu’il est impossible de vérifier les cadres.
L’apport complémentaire n’est pas systématique et doit être adapté à la situation. L’apport de sucre se fera sous forme de candi tant que les températures sont encore modérées. Nourrir inutilement une colonie aura un effet «booster» et peut favoriser l’essaimage. Un apport de sirop trop généreux aux beaux jours peut provoquer un risque d’adultération du miel lorsque l’on est proche de la période de miellée de printemps et de la pose des hausses (remontée dans les hausses du surplus du sirop stocké dans les corps de ruche).
Si nécessaire un apport raisonné de protéines peut être réalisé (période de disette prolongée liée aux conditions météo défavorables comme en 2021). Il se fera à base de pollen, levure de bière ou pâte protéinée de qualité.
Les abeilles ont besoin d’eau pour pouvoir élever. Il est donc important de vérifier que les ressources en eau sont suffisantes en quantité et en qualité dans le périmètre du rucher. Malgré les abreuvoirs que l’on met en place à proximité, elles préfèrent bien souvent les flaques ou les écoulements d’eau qui sont riches en minéraux et oligoéléments indispensables à leur développement. Ils sont malheureusement souvent contaminés par des produits anti parasitaires ou des pesticides délétères pour les colonies. Une astuce consiste à rajouter un à deux grammes de gros sel par litre d’eau dans les abreuvoirs pour les rendre plus attractifs.
- Evaluer la qualité du couvain pour détecter d’éventuelles pathologies. Un couvain en mosaïque, percé ou affaissé, des larves « plâtrées », voire une mauvaise odeur sont des indicateurs importants qu’il faut prendre au sérieux (voir fiches sanitaires sur le site).
- Observer les abeilles pour par exemple détecter d’éventuelles abeilles traînantes ou aux ailes déformées, noter la présence de multiples déjections sur la tête des cadres ou à l’entrée de la ruche (nosémose fréquente au printemps).
- La présence de cellules de mâles en l’absence de cellules de femelles, la détection de plusieurs œufs par cellule, une colonie « qui chante » avec souvent des ébauches de cellules royales et des abeilles agitées sont révélateurs d’une ruche bourdonneuse (perte de la reine). La colonie est condamnée et devra être secouée à distance raisonnable des autres ruches pour éviter que les abeilles pondeuses ne viennent perturber les colonies saines. Aux beaux jours, attention toutefois à ne pas confondre une ruche qui a essaimé et en cours de remèrage avec une ruche bourdonneuse.
- C’est aussi le moment de nettoyer les planchers en organisant par exemple une rotation entre ruches après grattage et passage à la flamme. Les planchers plastiques seront désinfectés aux cristaux de soude ou à la javel. Cette action doit être menée tous les ans.
- Il est également conseillé de désinfecter les caisses au moins tous les trois ans par le même procédé (il vaut donc mieux avoir un peu de matériel de passe)
- En cas de mortalité, il convient de retirer le plus vite possible la ruche concernée car le pillage est un vecteur de contamination entre colonies en cas de problème sanitaire. Cela permet également de limiter la prolifération de teignes et fausses teignes sur les cadres inoccupés. Les éléments de la ruche devront faire l’objet d’une désinfection soignée (flamme pour le bois et javel ou cristaux de soude pour le plastique).
Soyez extrêmement prudents dans la réutilisation des cadres et il ne faut pas hésiter à les brûler au moindre doute car la petite économie que l’on croit réaliser en les remettant dans le circuit peut avoir des conséquences néfastes en cas de développement d’une pathologie sur tout un rucher…
- Comme tout au long de la saison, il est intéressant de faire un état des lieux de la présence de varroas. Le moyen le plus simple bien que parfois imprécis est l’utilisation de langes ou de plateaux graissés pour effectuer un comptage des chutes naturelles du parasite au niveau des planchers. Certains tracent même un quadrillage pour faciliter le comptage. Accéder ici à la fiche FNOSAD comptage chutes naturelles
N’hésitez pas sur les tiroirs plastiques à percer quelques trous en périphérie pour faciliter l’évacuation de l’humidité. L’utilisation de corps gras naturels favorise l’immobilisation des varroas et évite en partie que des fourmis les emportent. On peut laisser le support en place par exemple 7 jours. A cette saison au-delà d’une chute par jour, il faudra rester vigilant et en cas de grosse infestation prendre conseil pour éventuellement effectuer un traitement complémentaire (en fonction du type traitements déjà réalisé)
Le traitement hivernal hors présence théorique de couvain reste à privilégier chaque année. Si vous n’avez que peu de ruches, il peut être intéressant de toutes les tester. Si le nombre de ruches est trop important, en tester minimum 10%.
- C’est aussi le bon moment pour terminer de débroussailler et de nettoyer le rucher en évitant par exemple qu’une branche balancée par le vent ne stresse une colonie en tapant contre la caisse.
- Vérifier la stabilité et l’inclinaison des ruches notamment pour évacuer l’humidité vers l’avant. N’hésitez pas à laisser l’isolation en place sous les toits, elle protègera de la chaleur lorsque l’été arrivera. Les portes ou les réducteurs d’entrées devront être laissés en place tant que les colonies ne sont pas assez populeuses et en l’absence de miellée.
- Enfin avec l’arrivée du printemps, le piégeage des fondatrices des colonies de frelons asiatiques sera réalisé avec des pièges obligatoirement sélectifs et des appâts sucrés mélangés par exemple à de la bière et du vin blanc
Le piège de type « nasse » est l’idéal.
Pour toute question sanitaire, vous pouvez contacter votre GDSA: g.d.s.a.de.l.aveyron@gmail.com
Comptage varroas par chutes naturelles
Vous pouvez trouver ci-joint une fiche détaillant une méthode d’estimation d’infestation varroas par comptage des chutes naturelles.