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Bien préparer sa visite de printemps: Les bonnes pratiques

Bien préparer sa visite de printemps: Les bonnes pratiques

O. LOUBIERE

Avec l’arrivée prochaine des beaux jours sur l’Aveyron viendra le temps de la visite de printemps. 

Toutefois il convient de ne pas être trop impatient ! 

Les conditions doivent être idéales, les nuits peuvent être encore fraîches et les risques de gelées tardives sont encore très présents. 

Le refroidissement du couvain peut provoquer des problèmes sanitaires et demande un effort supplémentaire à la colonie pour réchauffer le nid à couvain. C’est encore une période charnière où les dernières abeilles d’hiver sont remplacées par les abeilles de printemps.

Ce n’est qu’à cette période que l’on constate définitivement ses pertes hivernales.

Il faut s’adapter au terroir et suivant s’il on est au sud ou au nord du département, en fond de vallée bien exposé ou en altitude, il peut y avoir deux à trois semaines de différence. 

Ces visites ne devraient pas intervenir avant la deuxième quinzaine de mars dans les zones les plus favorables de l’Aveyron et bien sûr si le temps le permet !

Il faut choisir une belle journée aux conditions météo propices. Idéalement sur une période de plusieurs jours consécutifs avec une température supérieure à 16 degrés.

Cette première visite est de toute façon rapide, il faut sortir les cadres le moins longtemps possible.

Si un premier coup d’œil extérieur (planche d’envol etc.) vous laisse quelques doutes sur l’état sanitaire de la colonie, il est de bon ton de terminer sa visite sur cette ruche pour éviter toute contamination croisée. Il ne faut pas hésiter à nettoyer et désinfecter son matériel aussi souvent que nécessaire.

Cette visite de printemps sera l’occasion de faire le diagnostic de chaque colonie :

  • Bien évaluer la force de la colonie quitte à adapter  le nombre de cadres avant partition. Ne surtout pas couper le nid à couvain par un apport intempestif de cadre à bâtir. A cette saison, si nécessaire, privilégier l’ajout de cadres en périphérie de la colonie, éventuellement en bordure de couvain. Un cadre construit favorisera une ponte rapide.
  • Profiter de la visite pour éliminer les cadres trop vieux situés en périphérie de la colonie (cadres noircis qui ne contiennent pas de couvain). Les remplacer par des cadres neufs. Il ne faut pas hésiter à les mettre au feu.
Les cadres suspects ou trop vieux doivent être détruits
  • La ponte a repris et les ressources extérieures en nourriture sont encore limitées ; il faut vérifier que les stocks de miel et de pollen présents dans la ruche sont suffisants. Le passage en revue des cadres peut permettre d’évaluer les réserves visuellement. Pour ceux qui connaissent le poids de leur ruche à vide vous pouvez utiliser un peson (somme avant/arrière ou somme côté droit/côté gauche) en rajoutant par exemple 5 kg pour le poids de la cire, de la colonie et du pollen. Attention les cadres de pollen pèsent assez lourd. Cette méthode reste surtout utile aux mauvais jours lorsqu’il est impossible de vérifier les cadres.
Contrôle du poids avec un peson

L’apport complémentaire n’est pas systématique et doit être adapté à la situation. L’apport de sucre se fera sous forme de candi tant que les températures sont encore modérées. Nourrir inutilement une colonie aura un effet «booster» et peut favoriser l’essaimage. Un apport de sirop trop généreux aux beaux jours peut provoquer un risque d’adultération du miel lorsque l’on est proche de la période de miellée de printemps et de la pose des hausses (remontée dans les hausses du surplus du sirop stocké dans les corps de ruche). 

Si nécessaire un apport raisonné de protéines peut être réalisé (période de disette prolongée liée aux conditions météo défavorables comme en 2021). Il se fera à base de pollen, levure de bière ou pâte protéinée de qualité.

Un sac de candi placé durant l’hiver entièrement consommé

Les abeilles ont besoin d’eau pour pouvoir élever. Il est donc important de vérifier que les ressources en eau sont suffisantes en quantité et en qualité dans le périmètre du rucher. Malgré les abreuvoirs que l’on met en place à proximité, elles préfèrent bien souvent les flaques ou les écoulements d’eau qui sont riches en minéraux et oligoéléments indispensables à leur développement. Ils sont malheureusement souvent contaminés par des produits anti parasitaires ou des pesticides délétères pour les colonies. Une astuce consiste à rajouter un à deux grammes de gros sel par litre d’eau dans les abreuvoirs pour les rendre plus attractifs.

Abeilles sur un abreuvoir naturel

Abeilles récupérant de l’eau chargée en minéraux à même le sol

  • Evaluer la qualité du couvain pour détecter d’éventuelles pathologies. Un couvain en mosaïque, percé ou affaissé, des larves « plâtrées », voire une mauvaise odeur sont des indicateurs importants qu’il faut prendre au sérieux (voir fiches sanitaires sur le site).
Beau cadre de couvain malgré quelques trous à ce stade peu inquiétant
Couvain en mosaïque caractéristique d’un problème sanitaire
  • La présence de cellules de mâles en l’absence de cellules de femelles, la détection de plusieurs œufs par cellule, une colonie « qui chante » avec souvent des ébauches de cellules royales et des abeilles agitées sont révélateurs d’une ruche bourdonneuse (perte de la reine). La colonie est condamnée et devra être secouée à distance raisonnable des autres ruches pour éviter que les abeilles pondeuses ne viennent perturber les colonies saines. Aux beaux jours, attention toutefois à ne pas confondre une ruche qui a essaimé et en cours de remèrage avec une ruche bourdonneuse.
  • C’est aussi le moment de nettoyer les planchers en organisant par exemple une rotation entre ruches après grattage et passage à la flamme. Les planchers plastiques seront désinfectés aux cristaux de soude ou à la javel. Cette action doit être menée tous les ans.
Grattage du plancher suite à mortalité avant passage à la flamme
  • Il est également conseillé de désinfecter les caisses au moins tous les trois ans par le même procédé (il vaut donc mieux avoir un peu de matériel de passe)
Passage d’une caisse à la flamme pour désinfection après grattage
  • En cas de mortalité, il convient de retirer le plus vite possible la ruche concernée car le pillage est un vecteur de contamination entre colonies en cas de problème sanitaire. Cela permet également de limiter la prolifération de teignes et fausses teignes sur les cadres inoccupés. Les éléments de la ruche devront faire l’objet d’une désinfection soignée (flamme pour le bois et javel ou cristaux de soude pour le plastique). 

Soyez extrêmement prudents dans la réutilisation des cadres et il ne faut pas hésiter à les brûler au moindre doute car la petite économie que l’on croit réaliser en les remettant dans le circuit peut avoir des conséquences néfastes en cas de développement d’une pathologie sur tout un rucher…

  • Comme tout au long de la saison, il est intéressant de faire un état des lieux de la présence de varroas. Le moyen le plus simple bien que parfois imprécis est l’utilisation de langes ou de plateaux graissés pour effectuer un comptage des chutes naturelles du parasite au niveau des planchers. Certains tracent même un quadrillage pour faciliter le comptage. Accéder ici à la fiche FNOSAD comptage chutes naturelles
Mise en place d’un tiroir Nicot graissé

N’hésitez pas sur les tiroirs plastiques à percer quelques trous en périphérie pour faciliter l’évacuation de l’humidité. L’utilisation de corps gras naturels favorise l’immobilisation des varroas et évite en partie que des fourmis les emportent. On peut laisser le support en place par exemple 7 jours. A cette saison au-delà d’une chute par jour, il faudra rester vigilant et en cas de grosse infestation prendre conseil pour éventuellement effectuer un traitement complémentaire (en fonction du type traitements déjà réalisé)  

Comptage varroas sur plaque graissée

Le traitement hivernal hors présence théorique de couvain reste à privilégier chaque année. Si vous n’avez que peu de ruches, il peut être intéressant de toutes les tester. Si le nombre de ruches est trop important, en tester minimum 10%.

De nombreux varroas tombés sur la plaque graissée
  • C’est aussi le bon moment pour terminer de débroussailler et de nettoyer le rucher en évitant par exemple qu’une branche balancée par le vent ne stresse une colonie en tapant contre la caisse.
  • Vérifier la stabilité et l’inclinaison des ruches notamment pour évacuer l’humidité vers l’avant. N’hésitez pas à laisser l’isolation en place sous les toits, elle protègera de la chaleur lorsque l’été arrivera. Les portes ou les réducteurs d’entrées devront être laissés en place tant que les colonies ne sont pas assez populeuses et en l’absence de miellée.
  • Enfin avec l’arrivée du printemps, le piégeage des fondatrices des colonies de frelons asiatiques sera réalisé avec des pièges obligatoirement sélectifs et des appâts sucrés mélangés par exemple à de la bière et du vin blanc

 Le piège de type « nasse » est l’idéal.

Piège 2 étages fabrication maison de type nasse avec cônes JABEPRODE
L’étage bas contient les appâts; la partie haute au plancher grillagé piège les frelons et laisse sortir les autres insectes plus petits grâce aux mailles des cônes

Pour toute question sanitaire, vous pouvez contacter votre GDSA: g.d.s.a.de.l.aveyron@gmail.com

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