« Au delà de la compétition, concilier apiculture et conservation des abeilles sauvages »
[MidiSciences 2022]
Par Léo Mouillard-Lample
Ce 24 mars 2022, Léo Mouillard-Lample a parlé dans MidiSciences de la compétition entre abeilles sauvages et domestiques : « Au-delà de la compétition, concilier apiculture et conservation des abeilles sauvages ».
La compétition pour les ressources entre abeilles domestiques et abeilles sauvages soulève des enjeux de conservation de la biodiversité autant que de production apicole. Le partage des ressources ainsi que les contextes sociaux sont une des préoccupations des apiculteurs, qui veulent continuer l’apiculture sans nuire à l’environnement.
Biologiste de formation, Léo Mouillard-Lample a suivi un master interdisciplinaire en sciences de l’environnement. Son doctorat allie écologie et sciences sociales.
Une abeille invasive géante originaire de Chine: Megachile sculpturalis*
D’après Le Féon et al 2021
Arrivée vers 2008 dans les Bouches du Rhône elle est présente de nos jours dans 44 départements du sud de la France. Elle est arrivée en Aveyron huit ans plus tard.
En ville elle utilise les hôtels à abeilles pour sa nidification. A Marseille elle constitue 40 % des espèces des hôtels à insectes. Il lui faut des trous compris entre 8- 15 mm comme les tiges de bambous et de roseaux. Elle vide les nids des espèces locales pour s’installer. Elle peut tuer des hériades, les osmies et déloger les xylocopes.
C’est une abeille résinière (elle utilise de la résine pour construire ses logettes) de grande taille 23 mm elle est un peu plus petite que le xylocope violet.
Megachile sculpturalis est univoltine (une seule génération par année). Sa saison de vol s’étend de juin à mi-septembre, avec un pic d’activité en juillet.
Comme pour les osmies, les mâles émergent avant les femelles.
M. sculpturalis est une espèce polylectique, elle se nourrit sur plusieurs plantes. Elle a une préférence marquée pour les espèces ligneuses exotiques originaires d’Asie. Elle recherche le Sophora du japon mais elle affectionne aussi des espèces locales comme le troène, la lavande et le châtaigner. D’autres observations de terrain ont mis en évidence qu’elle visite les fleurs de la glycine et de l’arbre à miel.
M. sculpturalis a divers impacts négatifs sur l’environnement : (1) la compétition pour les ressources florales avec les pollinisateurs indigènes ; (2) la compétition pour les sites de nidification ; (3) l’introduction conjointe de pathogènes ; (4) la pollinisation de plantes exotiques et (5) les effets négatifs sur la reproduction des plantes indigènes.
Pour éviter que les hôtels à insectes favorisent son expansion, il faut privilégier les tiges dont les trous ont un diamètre inférieur à 8 mm.
*Violette Le Féon, David Genoud, Benoît Geslin. Actualisation des connaissances sur l’abeille Megachile sculpturalis SMITH, 1853 en France et en Europe (Hymenoptera : Megachilidae). OSMIA, Observa- toire des Abeilles, 2021, 9, pp.25-36. 10.47446/OSMIA9.4. hal-03285483