Dr L. LAFON
Qu’est ce que LA VARROOSE ?
C’est un ensemble de signes liés d’une part à la spoliation par le parasite Varroa destructor et d’autre part à la transmission par ce dernier d’autres pathogènes (transmission directe ou après affaiblissement des abeilles).
Le parasite de la famille des acariens est capable de transpercer la cuticule des abeilles pour se nourrir d’hémolymphe. La reproduction se passe dans les alvéoles au détriment des nymphes :
- la femelle présente sur une abeille adulte (on l’appelle phorétique) se laisse tomber dans l’alvéole juste avant operculation.
- Elle pond un premier œuf qui donnera un mâle, les pontes se succèdent toutes les 26-32 heures pour donner 4 femelles pour les ouvrières et 5 pour les faux bourdons. Les larves de reines sont exceptionnellement parasitées.
- L’accouplement se produit dès la maturité sexuelle des femelles (successivement) dans l’alvéole.
- Lors de la sortie de l’abeille ou du faux bourdon les adultes mûrs sortent accrochés sur leur corps ; le mâle et les immatures vont mourir dans l’alvéole.
- Si on part d’une population de 50 parasites dans une colonie on aura tous les risques d’évoluer vers le seuil critique pour la colonie (1000 à 3000 acariens).
Le premier mécanisme pathogène est la spoliation par les repas d’hémolymphe mais on observe aussi :
- une fragilisation et une porosité de la cuticule des abeilles
- une injection de virus (SBV, ABPV, DWV, KBV, SBPV, IAPV, CBPV, BQCV) et bactéries lors de la morsure. Ces deux mécanismes aggravent l’affaiblissement de la colonie.
Où trouve-t-on cette maladie ?
Dans le monde entier sauf certaines iles (Ouessant par exemple) ; la Réunion a été contaminée en 2017.
Quelle réglementation s’applique ?
Ce n’est pas une maladie réglementée ; cependant elle fait partie des dangers sanitaires de deuxième catégorie et est la principale raison d’être du GDSA apicole dans nos régions.
Les médicaments utilisés pour lutter contre Varroa sont inscrits dans le PSE porté par le GDSA 12.
Comment se transmet elle ?
Les Varroa femelles phorétiques sont portées par les abeilles adultes et changent de colonie lors de dérive ou de pillage. On peut récupérer le parasite en ramassant un essaim ou en achetant des paquets d’abeilles d’origine mal contrôlée.
Quelles sont les conditions qui favorisent son apparition ?
Le parasite existe dans toutes les ruches des zones contaminées ; la question n’est pas de savoir si elle est présente mais en quelle quantité et si les Varroa vont dépasser le seuil qui entrainera l’effondrement de la colonie.
Comment la reconnaître ?
– Observation directe de Varroa sur les abeilles (attention elles préfèrent se positionner sous le corps), pour améliorer la pertinence capturer 300 abeilles et les secouer dans du sucre glace ou les anesthésier au CO2 (voir avec votre TSA).
– Observation de Varroa dans 200 cellules lors de désoperculation (essentiellement de couvain mâle).
– Observation de Varroa sur un « lange graissé » disposé sous le plateau grillagé avec ou sans traitement provocant le chute des parasites. Mettre sous le plateau un support graissé (pour que les Varroa se collent et ne soient pas mangés par les fourmis) et compter après une semaine puis faire la moyenne des chutes pour un jour. Selon la saison l’interprétation est différente (voir tableau), si on utilise un traitement flash (exemple VarromedND) le comptage sera plus pertinent et on pourra appliquer le médicament en fonction d’une interprétation précise (voir tableau).
– Observer les signes de la contamination : abeilles plus petites, ailes déformées, symptômes de maladies virales, baisse de production de miel, moindres capacités d’élevage.
Comment confirmer une suspicion ?
La base est de savoir que le parasite est présent, la question est « en quelle quantité ? » Voir ci-dessus pour les méthodes de comptage qui permettront de décider une intervention.
Avec quoi peut-on la confondre ?
Le parasite est caractéristique : petite pastille marron/brune de 3mm accrochée à une abeille ou tombée sur le fond de la ruche. Pastille(s) accrochée(s) aux nymphes. Rechercher sa présence lors de signes de ma la dies virales telles que les ailes déformées, la présence de petites abeilles et lors de tout affaiblissement d’une colonie.
D’autres parasites existent mais ne sont pas présents en France métropolitaine, par exemple le pou de l’abeille à la Réunion.
Méthodes de lutte et de contrôle :
Prophylaxie : bonnes pratiques apicoles pour éviter le pillage, limiter la dérive, favoriser la résistance des colonies. Éviter d’introduire de grande quantité de parasites lors d’achat ou de capture d’essaim. Effectuer des visites et des comptages réguliers pour intervenir au bon moment.
Traitement : il existe plusieurs molécules disponibles sur le marché présentes dans des médicaments disposant d’une AMM (autorisation de mise sur le marché) garantissant leur fiabilité et disposant d’études prouvant leur efficacité et leur innocuité dans les conditions normales d’emploi. Certaines sont autorisées en apiculture biologique (acide oxalique, acide formique, huiles essentielles) et d’autres non (amitraze, tau-fluvalinate, ) et seront utilisées seules ou en traitements successifs (les huiles essentielles auront besoin d’un complément).
Pour plus de précisions sur le produit adapté à votre structure apicole nous vous invitons à contacter les vétérinaires du GDSA ou de la FODSA.
Toutes les « recettes » et produits ne disposant pas d’une AMM ne peuvent pas être recommandés dans le cadre d’un traitement raisonné contre Varroa.
Pour poursuivre :
Voir exposé du Dr SAGET lors de l’AG du GDSA (2017 et 2018) (réservé aux adhérents).
La Santé de l’abeille : plusieurs numéros lui sont consacrés. « Varroa tueur d’abeilles » de : .
En résumé :
Maladie parasitaire due à Varroa dectructor très répandue dans le monde apicole (systématique ?).
Parasite femelle adulte présent sur les abeilles adultes (phase phorétique) et reproduction se faisant dans le couvain exclusivement. Le couvain mâle permet la naissance de plus de Varroa (temps d’évolution de la larve plus long).
Ponction d’hémolymphe sur les abeilles affaiblissant les insectes, perforation de la cuticule et transmission de maladies expliquent la moindre productivité de la colonie voire sa disparition (par exemple : moindre longévité des abeilles d’hiver entrainant des mortalités en février ou mars).
Gestion confiée au GDSApicole qui suit le PSE.
N’hésitez pas à contacter votre vétérinaire ou votre TSA.